SIMDUT cet incompris

13 mai 2021 / Santé et sécurité
Le SIMDUT est trop souvent négligé en milieu de travail. Nous banalisons les risques pensant ne pas utiliser de produits réellement dangereux [ acides ou solvants agressifs, gaz à haut risque d’explosion, etc. ]. En effet, la plupart des produits utilisés en milieu de travail semblent destinés à usage commun. Mais, est-on conscient qu’un nettoyant tout usage peut être corrosif, ou que les nettoyants à vitre peuvent contenir de l’ammoniac ou de l’alcool?

Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail

Certes, nous devons nous méfier des effets aigus, c’est-à-dire immédiats, ceux-ci étant plus frappants. Si un produit corrosif tombe sur la peau d’une personne, elle subit une brûlure sur le coup. Cela se voit et nous devrions normalement nous en rappeler pour la prochaine utilisation du produit. Mais, qu’advient-il des effets chroniques, c’est-à-dire à long terme. Ceux-ci sont beaucoup plus sournois. Nous pouvons ne ressentir aucun malaise en rentrant à la maison après notre quart de travail. Mais, est-ce que sera toujours le cas après 15 ou 20 ans d’exposition à certains produits? Cet horizon peut paraître loin, mais il demeure inévitable…

Alors, comment nous protéger? Tout d’abord, nous devons nous renseigner. Les informations sont disponibles sur l’étiquette et la fiche de données de sécurité devant accompagner chaque produit dangereux. À part quelques exemptions permises par la réglementation, le fournisseur doit étiqueter ses produits et fournir une fiche de données de sécurité. Pour sa part, l’employeur doit s’assurer que ces étiquettes et fiches sont présentes et accessibles pour les utilisateurs dans le milieu de travail. Simple en théorie. Mais, en pratique? Une fiche de données de sécurité à jour est-elle systématiquement présente et accessible pour chaque produit ? Sans porter de jugement, il est difficile de penser que c’est toujours le cas. « De toute façon, on n’utilise pas de produit vraiment dangereux ici! » Qui n’a jamais entendu ça? Cela dit, personne n’est au-dessus des lois: étiquettes et fiches doivent être présentes.

Par ailleurs, il faut être capable de les utiliser. C’est pourquoi l’employeur doit satisfaire à son obligation de former son personnel sur le SIMDUT. Là encore, est-ce toujours respecté? « Je te l’ai déjà dit, on n’utilise pas de produit vraiment dangereux ici! » Ce n’est pas l’employeur qui décide si un produit est dangereux ou non. La classification est effectuée selon des critères déterminés par la Loi sur les produits dangereux. Dès qu’un produit est classé dangereux selon la législation, la formation et les autres exigences du SIMDUT s’appliquent. En outre, l’employeur doit fournir les équipements de protection individuels indiqués dans la fiche de données de sécurité. Par exemple, lorsqu’un type particulier de gants est mentionné, c’est pour une bonne raison. Et on ne doit pas les remplacer par ceux vendus au magasin du coin… même s’ils coûtent trois fois moins chers.

Toutefois, une bonne gestion du SIMDUT sera difficile à mettre en place sans l’engagement des personnes. En premier lieu, chacun doit éviter la banalisation des risques. « Mon boss te l’a dit, on n’utilise pas de produit vraiment dangereux ici! » Même si l’employeur met à leur disposition les fiches de données de sécurités requises, les travailleurs et les superviseurs font ils l’effort de les consulter? Bien entendu, l’employeur doit assumer une plus grande responsabilité en termes de contrôle des moyens de prévention. Toutefois, le travailleur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger sa santé et celle des autres. Et cela commence par prendre quelques minutes pour consulter l’étiquette et la fiche d’un produit avant de l’utiliser. Dans 20 ans, il risque d’être trop tard pour regretter de ne pas l’avoir fait…

Rappelons-nous l’époque où les gens utilisaient des produits chimiques sans aucune protection, ni ventilation et éventuellement, avec une cigarette à la bouche. Une fois le travail terminé, du diluant à peinture était fréquemment utilisé pour se nettoyer… tout en constatant que la peau blanchissait. Aujourd’hui, nous savons que ces produits peuvent être cancérigènes, pénétrer la peau, circuler dans le sang et endommager des organes cibles. Les connaissances évoluent, la diffusion de l’information s’améliore et des outils législatifs visent la protection des travailleurs. Alors, pourquoi ne pas utiliser ces ressources? Et, par extension, se poser les mêmes questions pour les produits utilisés à la maison. Ce n’est pas parce qu’un produit a dans son nom Lavande, Jasmin, Agrume… qu’on peut en consommer tel un bon thé!

MARTIN LAMONTAGNE — Conseiller et formateur en SST

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